Ainsi le veut la loi: tout ministre qui n’est pas élu député devra renoncer à son poste au sein du gouvernement. Sur les quinze ministres candidats aux élections législatives, quatre poids lourds de la Macronie – Amélie de Montchalin (transition écologique), Clément Beaune (Europe), Stanislas Guerini (fonction publique) et Olivier Dussopt (Travail) – ont mené une campagne d’entre-deux-tours difficile et chahutée, après un premier tour difficile. Des quatre, les trois derniers ont été réélus de justesse lors du second tour des législatives, ce dimanche 19 juin.
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Claque pour Amélie de Montchalin
Si justes qu’ils soient, ces résultats demeurent meilleurs que ceux de l’éphémère ministre de la Transition écologique. Amélie de Montchalin n’est finalement pas sortie victorieuse d’une des campagnes les plus compromises de ce deuxième tour des élections législatives, recueillant autour de 47% des suffrages exprimés.
L’ex-ministre a passé une semaine sur la crête, dans la 6e circonscription de l’Essonne, à batailler contre une figure forte de la Nupes, Jérôme Guedj, ancien président du conseil général et député socialiste de l’Essonne. Il a, lui, réuni près de 53% des voix.
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Lors du premier tour, le 12 juin, elle était en ballotage défavorable, avec 31,4% des voix exprimées contre 38,31% pour son opposant. En 2017, la ministre, déjà en lice, l’avait emporté avec plus de 61% des suffrages exprimés, face à la candidate Les Républicains Françoise Couasse. Jérôme Guedj, alors candidat PS, n’avait pas passé la barre du second tour.
Deux autres ministres éconduites
Amélie de Montchalin n’est pas la seule ministre mise en échec. Deux autres femmes du gouvernement Borne devront quitter leur poste. Le nom de la première est tombée tôt ce matin: la fugace secrétaire d’Etat à la Mer Justine Bénin a été battue dans la deuxième circonscription de Guadeloupe face au candidat divers gauche, Christian Baptiste, soutenu par la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Députée sortante, apparentée Mouvement démocrate (MoDem), elle a été créditée de 41,35% des voix, contre 58,65 % pour son adversaire. Ce soir, et à 56 voix près, la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon n’a, elle, pas été réélue.
Victoire de justesse pour Beaune et Guerini
Les deux macronistes de la première heure, proches du chef de l’Etat, Clément Beaune et Stanislas Guerini, tout deux candidats à Paris, ont eu plus de chance en l’emportant à quelques voix près.
Clément Beaune a été élu dans le 7e circonscription de Paris avec près de 50,5% des suffrages exprimés face à la candidate insoumise, Caroline Mecary, avocate et défenseure des droits LGBT. Elle était arrivée en tête du premier tour avec 41,4% des suffrages exprimés, pour un taux d’abstention de 40%. Ce soir, la France insoumise appelle à renouveler le décompte des voix.
Quant à Stanislas Guerini, il passe de justesse avec 51,3% des suffrages exprimés, contre 48,7% pour son adversaire du second tour, la candidate de la Nupes, Léa Balage El Mariky.
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L’ancien délégué général de La République en marche y avait obtenu 65,5% des voix exprimées en 2017. Cette année, face à la candidate écologiste Léa Balage El Mariky (Nupes), il avait été mis en ballotage défavorable, avec 32,5% des voix exprimées contre 38,6% pour la jeune femme. Léa Balage faisait partie des trois candidates Nupes à avoir reçu le soutien de la maire de Paris Anne Hidalgo.
Issu des rangs de la gauche de la Macronie, il avait reçu – comme Amélie de Montchalin – le soutien et la présence de Bruno Le Maire lors de sa campagne cette semaine. Une carte qui devait lui permettre de capter un électorat de droite.
Merci cher @BrunoLeMaire pour ton soutien ce soir.
Notre projet est clair : protéger vos emplois et votre pouvoir d’achat.
Alors, ce dimanche votons pour donner une majorité à @EmmanuelMacron. Ce dimanche, allons chercher la victoire ! pic.twitter.com/pmn9z2ZyKP
— Stanislas Guerini (@StanGuerini) June 16, 2022
Election sur le fil pour Borne
Même pour la Première ministre Elisabeth Borne, victorieuse dans la 6ème circonscription du Calvados, avec 52,4% des suffrages exprimés contre son rival Noé Gauchard (47,5%, Nupes), et une abstention à 66%, la victoire a été emportée sur le fil. Un score décevant et en recul net par rapport à 2017: son prédécesseur LREM Alain Tourret y avait été réélu avec 68,34% des voix face à un candidat Front national.
Réussites franches pour Damien Abad et Olivier Dussopt
D’autres ont été élus confortablement, comme le ministre des solidarités Damien Abad dans la 5e circonscription de l’Ain. L’ancien chef des députés Les Républicains, accusé de viol, obtient 57,86 % des voix sous l’étiquette divers-droite contre 42,14% à la candidate Nupes Florence Pisani.
Pour le ministre du Travail, la victoire est au rendez-vous. Olivier Dussopt l’a emporté dans son fief de la 2e circonscription de l’Ardèche, avec 58,83% des voix exprimées, face à Christophe Goulouzelle, candidat Nupes (41,1%). L’ancien ministre délégué des comptes publics, forgé en politique par ses mentors Benoît Hamon et Martine Aubry, est un enfant de l’Ardèche. Maire de sa ville de naissance, Annonay, entre 2008 et 2017, il a aussi été élu trois fois député sous drapeau socialiste, avant de rejoindre Emmanuel Macron en 2017. Avec 64,62% des voix Yaël Braun-Pivet l’emporte aussi confortablement face à la Nupes dans la 5ème circonscription des Yvelines, tout comme Gabriel Attal dans les Hauts-de-Seine (62,8%).
Reference-www.challenges.fr
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